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En un mot, Mahomet n’a pas vu le péché, et il n’a pas besoin de rédemption. Il a même rendu ses disciples de tous les siècles presque incurablement rebelles à cette idée. C’est pour cela que le monde de l’Islam est sans comparaison celui dans lequel la foi chrétienne a recruté le moins de prosélytes. La doctrine du péché et de la grâce est comme un mur, à la rencontre duquel le musulman curieux de christianisme se détourne en levant les épaules et revient sur ses pas.[1])

Jésus-Christ n’est donc pas, ne peut pas être un rédempteur, et pour qu’on soit bien sûr qu’il ne l’est pas et qu’il n’est rien qui approche, il faut qu’il n’ait pas été crucifié. Sur ce point nous croyons tout-à-fait à un parti-pris dogmatique. Sans doute nous avons trouvé chez d’anciens gnostiques l’affirmation de la non crucifixion de Jésus, et nous avons dit que sans cela le prophète arabe n’eût jamais eu la pensée de la soutenir ; mais il n’est pas possible qu’il ait cru que c’était là la doctrine des chrétiens. Comment un homme qui a rencontré à diverses époques de sa vie des chrétiens de toutes sectes, de sectes qui toutes sans exception croyaient à la crucifixion réelle de Jésus, aurait-il ignoré cette affirmation universelle, tandis que la négation de quelques gnostiques fossiles serait

  1. Nous l’avons entendu dire, entre autres personnes, par l’éminent directeur des missions évangéliques de Paris, M. Casalis. Aussi ne faut-il accueillir qu’avec réserve, dans l’analyse du Coran par M. Garcin de Tassy (l. cit.) des titres de chapitre tel que celui-ci : la Justification par la foi, précédant des versets tels que celui-ci (S. II, v. 172) : « Pieux est celui qui croit en Dieu et au jour dernier, aux anges et au Livre, aux prophètes, qui pour l’amour de Dieu donne de son avoir à ses proches, aux orphelins aux pauvres, aux voyageurs et à ceux qui demandent ; qui rachète les captifs, qui observe la prière, qui fait l’aumône etc. » Que sera donc le salut par les œuvres ?