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moins dans ses éléments populaires, passons au Hedjâz et à la Mecque, qui restent seuls à étudier, et dont à vrai dire nous nous sommes occupé, bien qu’indirectement, dans les pages qui précèdent. La cité de la Kaaba, centre d’un paganisme sidéral dont la Pierre Noire est restée le document indestructible, ne devait renfermer que fort peu de chrétiens proprement dits ; et ils ne devaient guère plus abonder dans le domaine des tribus autres que les Koréischites, et dans le plateau central du Nedjed, la patrie des poètes et du cheval noir. Seuls les Juifs étaient nombreux, surtout à Yatreb, la future Médine. Toutefois quelques notions chrétiennes, venues du Nord et du Sud et comme tamisées par le désert, avaient pénétré dans certains esprits.

Elles y avaient pénétré de deux manières différentes, que nous pourrions comparer, l’une au mélange superficiel, l’autre à la véritable combinaison chimique. D’une part on rencontre certains noms propres, certains propos populaires, certaines poésies qui dénotent une importation ou une juxtaposition d’idées chrétiennes. Ainsi un prince de la tribu des Djorhom qui eut les clefs de la Kaaba avant les Koréischites, s’appelait Abdelmacih, serviteur du Messie[1]. Ainsi nous savons par un historien arabe très-autorisé que la figure de Jésus et celle de la Vierge Marie étaient sculptées sur une colonne de la Kaaba[2]. Ainsi le Bédouin chantait, par une confusion naïve : « J’en jure par le

    V. le ch. I de l’ouvrage de Sprenger, ouvrage auquel nous ne cessons de renvoyer comme au plus important qui ait jamais été publié sur Mahomet.

  1. Caussin de Perceval, T. I, p. 198. La forme Macih vient directement de l’hébreu.
  2. El-Azraki, cité par Caussin de Perceval, ibid.