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l’année 500 environ, le christianisme du Yemen apparaît, même dans les souvenirs des Arabes, comme une vraie puissance religieuse. Le pays de Nadjran était devenu positivement chrétien, et plus solidement qu’aucune autre localité de l’Arabie, assez pour tenir tête, dans une discussion théologique, à Mahomet triomphant.

Le christianisme du Yemen eut d’ailleurs, dans le cours du sixième siècle, de terribles alternatives à subir, dans ses luttes moins encore contre le vieux sabéisme que contre le judaïsme parfois dominant et persécuteur. De cette histoire encombrée de détails suspects se dégagent néanmoins des faits importants : l’invasion des chrétiens d’Abyssinie en punition des cruautés du prince juif Dhou-Nowâs ; l’épiscopat, on pourrait presque dire le gouvernement, de Gregentius à Zafar[1] ; la tentative manquée des chrétiens contre la Mecque, à la veille de la naissance du prophète, et dans des circonstances qui devaient causer parmi les païens du Hedjâz une réaction défiante contre tout christianisme.

Sans essayer de préciser le caractère de ce christianisme, probablement un peu arien au début, quelque peu monophysite par la suite[2], et toujours assez mélangé au

    Perceval, s’appuyant sur le silence des historiens arabes, maintient contre Baronius qu’il faut reculer jusque vers l’an 500 les progrès sérieux du christianisme.

  1. Ses Homeritarum leges (lois des Himyarites) et sa très-suspecte et très-longue Disputatio cum Herbano Judaeo, se trouvent dans le T. LXXXVI de la Patrologie de Migne etc.
  2. Le nom de l’empereur Constance, arien décidé, ferait supposer que Théophilus partageait plus ou moins cette tendance, et les historiens de l’Église orientale le croient. Quant au monophysitisme ultérieur, autre extrême, il est vraisemblable au moins en ce qui concerne Koss, évêque de Nadjran pendant la jeunesse de Mahomet.