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comme hérétiques ceux qui vouent un culte à Marie et ceux qui nient sa virginité perpétuelle, les Collyridiennes et les Antidicomarianites[1]. Il faut bien dire les Collyridiennes, car c’est d’une hérésie féminine qu’il s’agit, de femmes arabes qui adorent la Vierge et lui offrent des gâteaux : de là leur nom. Tous ces détails forment une introduction indispensable à l’étude des notions chrétiennes de Mahomet.

Nous ne pouvons en dire autant du mouvement monothélite et du mouvement paulicien rénovateur du manichéisme, tous deux ayant commencé vers l’époque de la mort du prophète arabe ; mais ils ont beaucoup contribué aux rapides conquêtes de l’Islam en divisant et en affaiblissant l’Empire. Quant à l’Elkésaïsme et aux autres ramifications de l’Essénisme, venues aussi par l’Arabie du Nord, c’est dans le Hedjâz même qu’il y aura le plus de profit à les étudier.

Toutefois nous ne devons pas quitter encore la région septentrionale, foyer naturel du christianisme arabe. Il faut nous demander maintenant quels avaient été les rapports du christianisme et du paganisme dans cette contrée, depuis le jour où Saint Paul y était venu méditer après

  1. Divi Epiphanii contra octoginta haereses opus, Parisiis 1566. Ch. 78 sur les Antidicomarianitae, qui adversarii Mariae, et gloriam ejus extenuare volentes, […] et hominum mentes polluere volentes, ausi fuerunt dicere Sanctam Mariam, postquam Christum genuit, viro copulatam esse, ipsi inquam Joseph. — Ch. 79 sur les Collyridiennes : Adorantes Mariam, ipsi offerunt Collyridem sive placentam vanae istae mulieres […] Sit in honore Maria ; Pater et Filius et Spiritus Sanctus adoretur. Épiphane trouve également absurde que la femme soit l’objet, ou la prêtresse, d’un culte : muliebre enim genus lubricum est, erroneumque ac intellectu humili praeditum.