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D’AUBIGNÉ.

« vous qui ne faites et ne recevez honte des paternelles élévations. Je n’ai que faire à ceux à qui nature a donné le ventre pour délices, l’esprit pour fardeau et le cœur pour tout craindre *. »

Malheureusement pour Tintérêt général de ses récits militaires, d’Auhigné a trop multiplié les détails et travaillé pour les hommes de métier, en sorte que ce n’est pas aux batailles, comme on y serait disposé, qu’il faut aller chercher les meilleures parties de Thistorien. Exceptons pourtant les épisodes, plus pittoresques d’ordinaire que les combats. Voici un coin du tableau de la sanglante bataille de Montcontour où éclate la grave valeur de la vieille phalange huguenote, « de ces gens, disait Mayenne, qui, de père en fds, étaient apprivoisés à la mort^ : »

« L’étonnement (la consternation) des réformés ne fut point tel que ralliés en grosses troupes ils ne fissent souvent des charges à ceux qui les pressaient, bien qu’ils eussent aux fesses les compagnies des marécliaux de camp qui n’avaient point combattu ; et de ces charges de retraite la principale gloire est aux reistres, pourvu qu’ils permettent à Saint-Cire Puigreffier d’en avoir sa part. Ce vieillard ayant rallié trois cornettes au bois de Maire, et reconnu que par une charge il pouvait sauver la vie à mille hommes, son ministre, qui lui

  • Histoire universelle, t. H, p. 1189.
  • Ibid.y t. HT, liv. m, ch. 23.