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LE NEVEU DS tk MARQUISE 59

LÀ MABOUISB.

Encore ?... Mais, Lisette, as-tu juré de me faire mourir. Ta me cites les trois plus Tîeux gentilshommes de la cour. En est-il un, parmi ceux-là , que tu voadrais pour toi-même, si tu étais veuve et marquise ? Les six mois que j’ai vécus avec le marquis m’ont guérie, à jamais, du goût des unions disproportionnées, au moins au point de vue de rage. Je ne veux plus d’un mari maladif et podagre. Le mien a pris le lit au lendemain de notre mariage et il ne Ta quitté que pour entrer au cercueil. Ces six mois, je les ai passés dans la tristesse, dans Tennui, dans le dégoût même, car je n’aimais pas le marquis que j’avais épousé pour complaire à mon père et j’étais trop enfant pour bien comprendre ce qu’on me faisait faire. Ce temps d’épreuves m’a vieillie, d’ailleurs, moi aussi, et les longues journées pen* dant lesquelles j’ai été garde-malade du marquis n’ont pas été perdues pour mon intelligence, ni pour ma raison. Bien que je n’aie pas encore vingt ans, je t’assure que l’expérience m’est venue avec le chagrin, et, quoi que tu dises, je suis bien décidée, si je me remarie jamais, a choisir quelqu’un qui soit en rapport avec ma situation, avec mes goûts et surtout avec mon âge...

USBTTB.

Eh bien, précisément, madame la marquise... nous avons M.Roger d’Entraigues. Vous êtes déjà sa tante, par suite de votre alliance avec son oncle ; devenez sa femme ; cela ne ^rtira pas de la famille.

LA MARQUISE.

Tu es une folle, Lisette, et je suis bien folle aussi d’écouter tes sornettes ! M. d’Entraigues est encore un enfant c*. d’ailleurs je ne le connais pas ; puis le souvenir de son oncle, mon premier mari, se rattacherait inévitablement à sa parscmae et à sa présence ici... je préfère donc ne pas le recevoir

  • •• (On entend on coup de sonnette à la porte du restibule «Ktirieur.) Va