Page:Saynètes et Monologues, sér. 3, 1884.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE MARQUIS ERNEST 3»

quels étaient les événements de ma vie. Dici vous voyez comme un pareil caraelère est mal placé pour goûter l’abracadabrante fantaisie des Gora, des Blanche, des Bébé. Ânssi demeore-t-il froid à ces noms illustres, j’allais dire à ces dates patriotiques. Il avait arrêté de se marier [à vingt-huit ans.«. oai, j’avais arrêté cela. Donc, à vingt-sept ans et neuf mois, je demandai et j’obtins la main de ma cousine au troisième degré, Yolande qui me chérit et que j’adore... Oh oui, j’adore mon Yolande ! Le marquis Ernest, entra dèslors officiellement dans sa seconde manière. Sans négliger pour cela ses cuivres et ses porcelaines, il entra dans la phase des bouquets, des bijoux, des vers, des dîners chez les parents de la fiancée, lesquels habitent près de Chantilly ; de la sorte, mon intérieur n’est dérangé par aucune allée et venue, et mon valet de chambre lui-même ne sait rien de mes projets. Je gagnai ainsi deux mois et douze jours, du moins, je le croyais, et mon programme restait encore tracé pour dix-’buit jours... pas une seconde pour l’imprévu : formalités lé* gales, visites, invitations, adiats divers en vue d’un voya* ge... en Italie bien entendu... total dix-huit jours seci Tout allait si bien... trop bien ! Mais quel révMI, lorsque le marquis découvrit, se dressant de toute la hauteur de leurs quarant^uit bêtes d’heures, deux grands {ours dont remploi non prévu restait en blanc. Soudain son désarroi fut traversé comme par un éclair. Il n’était pas de ces gens à qui, dans le malheur, il revient des airs de musique. Non, il était homme, vous le devinez, à recourir plutôt aux proverbes. Juste au moment où 11 allait saisir le {NTOverbe consolateur, il reçut la visite d’un sien parent, le comte Pierre, boulevardier à tous crins, un brave qui trouve qu’avec un bon cheval et un bon dîner, la vie est belle, et qui connaît... toutes les cocottes. Le comte Pierre que je n’avais pas vu depuis un an, vint à moi la main tendue : « Hé bien, Pos se marie, rae dit-il... sans prévenir personne, et moi, ton cousin, je n’en saurais