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MATHIAS.

Le plus méchant m’avait déjà allongé l'estafilade en question, que je lui avais rendue avec les intérêts...

SIMON.

Et l'autre grand mâtin allait venger son camarade...

MATHIAS.

Quand un cuirassier de la garde tombe au milieu de nous et m’enlève dans le tas. — Je tenais toujours le drapeau russe, — mon adversaire ne lâchait pas de son côté...

SIMON.

Si bien que j’emporte la grappe vivante au galop de mon cheval.

MATHIAS.

Et le moment d’après, mon brave Simon présentait à Murat en personne un camarade sauvé, un prisonnier russe et un drapeau enlevé à l'ennemi. — Qui qu’a pris le drapeau ? s’écrie Murat, en secouant son panache de corbillard. — C’est Simon, que je réponds. — C’est Mathias, que tu répliques... Tu as toujours eu l’esprit contrariant, toi.

SIMON.

Et Murat nous décore tous les deux.

MATHIAS.

Un rude temps, Simon, mais un beau temps !

SIMON.

Nous allons boire à ce temps-là, camarade !

Il va chercher une bouteille d'eau-de-vie et des petits verres.
MATHIAS, apercevant la pot de fleurs sur la table.

Tiens ! depuis quand que t’as des jardins dans ta maison, toi ?

SIMON.

C’est le cadeau de ma petite-fille... Elle a aussi pensé à