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MATHIAS.

Moi non plus... Quand je dis qu’il est ressemblant, je dis qu’il ressemble... à ses portraits.

SIMON.

Oh ! pour ça, il est frappant.

MATHIAS.

J'avais d’abord pensé à t’apporter un nez d’argent, mais tu m’as dit, l’autre jour, que le tien était encore en bon état.

SIMON.

Oh oui ! il me fera bien encore la fin de l'année... Brave Mathias, va, de penser comme ça à son vieux camarade !

MATHIAS.

C’te bêtise ! Toi et ta petite Marie, n’êtes-vous pas mes seuls amis à présent ?... A qui diable veux-tu que je pense, si ce n’est à vous ?... D’abord, quand je ne le voudrais pas, je pense à toi tous les deux jours...

SIMON.

Qu’est-ce qu’il chante ?

MATHIAS.

Mes jours de barbe. Chaque fois que je me rase, je me regarde dans le miroir ; chaque fois que je me regarde dans le miroir, je revois ma balafre ; chaque fois que je revois ma balafre, je repense à la bataille d’Eylau ; et chaque fois que je repense à la bataille d’Eylau, je repense à toi, puisque c’est là que nous fîmes connaissance.

SIMON.

Et dans des circonstances majeures, comme on dit : mon petit Mathias avait affaire, pour le quart d’heure, à deux géants de Cosaques qui ne voulaient pas lui livrer leur drapeau. Il ne leur demandait que ça, le gourmand.