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LE MAITRE D’ARMES 185

d’une canne ; — il oubliait tout à fait les principes. Alors je me suis mis à le larder, et lui, essayait de me taper sur la tête. Il rompait et je le lardais toujours dans les endroits les plus douloureux pour mieux lui apprendre à s’effacer. En rompant il est arrivé à proximité d’une sonnette. Il a sonné. Un domestique est entré, s’est mis entre nous, m’a sauté dessus, m’a mis à la porte, — et c’est tout près des écuries et remises, dans la cour, qu’on m’a compté trente et une fois vingt-deux francs soixante-seize centimes à cause du change. Depuis je n’ai pas revu M. le marquis.

Aht j’ai eu d’excellents élèves, — d’ejLcellents élèves. Je me rappelle — oh ! celui-là, tout à fait de la plus haute société, — c’était un baron hollandais, d’Amsterdam, le baron Van-Dennefles, (il m’a donné plus de vingt fois des fromages de Hollande tout entiers — vous savez en boule, ces fromages en boule). — En voilà un qui a appris les principes vite, c’est à croire qu’il les savait de naissance. Aussi au bout de sept semaines, à l’assaut ! « Mettez-vous en garde, monsieur le baron, je lui ai dit. » Il s’est mis en garde et fièrement. Ailez-y, attaquez-moi. Fendez-vous comme une crème. Je pare. Très-bien. Relevez-vous. Fendez-vous encore comme une crème ! Là, je ne pare pas, et il me toucbe en plein cœur (le cœur en maroquin rouge du plastron). Il était content ! Et il se met à m’attaquer. Moi je ne voulais pas le toucher. Je me souvenais du marquis. — Oh l il a fait de beaux coups I II me faisait de ces coupés d’attaque d’une hardiesse ! que je lui aurais mille fois crevé la peau du ventre si j’avais voulu rien qu’en étendant le bras. Après cette séance il était tellement content, quMl m’a augmenté de beaucoup de ducats, parce qu’il me payait en monnaie hollandaise. Ces étrangers ont de drôles d’habitudes !

Ça a duré huit jours, les assauts ; mais ça lui coûtait 

cher. Deux plastrons par séance qu’il me démolissait ; il les mettait en miettes. Alors un soir — à son cercle — je no sais pas quelle idée lui prend, c’était pour une histoire de femme... non, une histoire de cartes... non, non... une bis-