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RÉALES — 04 — CÉHÉALES

blé par l’exploitation dos régions nouvelles inlluencent différemment dans chaque exploi-

de l’Amérique, de l’Australie et de la Russie tation considérée isolément et les font varier

du Sud appelle un examen nouveau du pro- d’une année à l’autre. Ces variations sont

hlènie de l’orientation de nos cultures. même d’autant plus accusées que la culture

Dans nos fermes, où sont engagés des est plus intensive, plus perfectionnée, capitaux considérables tant par la valeur Pour les régions de culture exlensive, il élevée du sol et les charges qui grèvent son est vrai, l’établissement de moyennes de prix exploitation que par le capital d’exploitation de revient reste possible, et du moins ces lui-même, la culture du blé n’est possible moyennes synthétisent-elles suflisamment les qu’à la condition d’en obtenir des rendements résultats particuliers pour qu’elles aient élevés de 25 à 3 ;i hectolitres, d’ailleurs fort quelque valeur et puissent former de bases réalisables par l’emploi des méthodes inten- d’appi’éciation. En 1893, M. de Vilmorin sives que la science a mises à notre portée estimait avec assez de vraisemblance que le dans ces vingt dernières années. Au-dessous blé américain pouvait être débarqué en de ces rendements élevés il faut laisser le Europe à 16 ou 17 francs l’hectolitre, soit blé à la culture extensive et aux terres à bon 19 à 20 francs le quintal. Dans cet immense marché, là seulement où les faibles rende- pays, la culture se fait sans engrais, sans ments restent rémunérateurs. Les régions labours préparatoires sur un sol de faible pauvres du massif central de la France, peu valeur, avec le moins de main-d’œuvre pos- aptes à la production de cette céréale, où la sible, à cause du haut prix des salaires, et avec terre ne se vend pas plus de 1000 francs le concours d’un puissant outillage méca- Fhectare pourraient encore se contenter, par nique qui s’impose obligatoirement. Les ren- des assolements extensifs, mais avec l’emploi déments dans ces conditions varient dans de des engrais chimiques appropriés, des ren- faibles limites entre 9 et H hectolitres à l’hec- dements de 12 à 15 hectolitres. H y a tare,sauf dans les années très exceptionnelles, cependant mieux à faire dans ces pays mon- Mais en France nos rendements varient de- tagneux : l’élevage bien compris, la laiterie puis 7 à 9 hectolitres dans nos pauvres leur assureraient par l’extension des prairies régions du massif central, des Pyrénées ou et leur fumure rationnelle un produit brut de la Provence, jusqu’à 30, 33 et même bien plus grand. 40 hectolitres dans nos bonnes cultures. Rai-

Le grand débat de notre époque qui renaît sonner ici sur des moyennes générales, c’est à chaque période de lutte pour notre agri- bâtir sur le sable. Nous ne pouvons nous dis- culture est relatif à la détermination du prix penser de donner ici quelques exemples pris de revient du blé, et, conséquemment, à la dans la pratique, contrôlés avec soin, qui dé- fixation d’un prix de vente rémunérateur montrent bien que les moyennes de prix de afin que nos fermes ne soient pas délaissées. revient que l’on cite généralement en ce qui Ce débat s’est ouvert en Angleterre au siècle concerne les bonnes cultures chez nous, sont dernier, lors des discussions des lois-céréales, exagérées.

il s’est renouvelé en France sous la Restau- Pendant la discussion au Parlement de la ration lors de la création de l’échelle mobile, loi du 27 février 1894 qui a relevé à 7 francs plus tard en Italie, en Allemagne et en par quintal le droit sur les blés, M. Lesage, Autriche, partout à chaque remaniem.ent du député, établissait ainsi le compte d’une cul- tarif douanier. Aujourd’hui il est d’actualité ture de froment. << Voici, disait-il, un aperçu dans tout le monde civilisé. de ce que me coûtent 4 hectares ensemencés

On est loin de s’être mis d’accord même en blé (terre légère et assez profonde) sur

dans le clan des agriculteurs protectionnistes pommes de terres  : sur le prix de revient de culture d’un hectare

de blé. En France, on le fait varier entre Loyer de la terre à oO francs r Hectare... 200 francs.

’ , 1 ,. . Labour et hersage pour couvrir la semence

250 et 463 francs, et au cours de la discussion le à is journées iso —

intervenue au Parlement en 1894, pour le s hectolitres de semence à i" francs i36 —

relèvement des droits protecteurs c’est le leoo kilos de phosphoguano à 20 francs 320 -

j • X 1 -,r> r Mv. i 1-. Transport et épandage d engrais 14 —

prix de revient de 20 francs 1 hectolitre Frais de moisson charrois compris 150 -

ou 25 francs le quintal qui semble avoir été Battage de la récolte, 80 hectolitres à 1 fr. 25. 100 —

adopté comme moyenne  ; mais rien n’est plus Nettoyage du grain et livraison ao —

variable, moins sujet à généralisation que Assurance contre la grèle _jo_-

les prix de revient culturaux  : la fertilité du Dépense totale uso —

sol, sa valeur marchande, les salaires, les Sur cette somme il convient de défalquer

impôts, les variétés de semences employées, 1 2000 kilos de paille à 32 fr. les looo kilos.. 384 —

la fumure, les soins donnés à la récolte, les ^es SO hectolitres reviennent donc à 766 francs.

accidents météorologiques de l’année les SoU 9 fr. 57 l’hectolitre.