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ANARCHIE


éloigné, vers lequel il faut marcher parce que l’avenir appartient à Tassociation, à la libre coopération. Leur but est de répandre les saines notions d’économie politique et de justice politique, la liberté de tester, le libre-échange, la liberté des cultes. Ils ne sont pas impatients et ils écartent l’emploi de la force ; ils croient avec Carlyle qu’il ne faut pas mettre la A-iolence au service de la justice, mais ils favorisent la résistance passive à l’ingérence gouvernementale. L’anarchisme individualiste et pacifique, le seul qui suive logiquement, jusqu’au bout, le principe de non-interférence, ne recrute d’adhérents que parmi la liourgeoisie. 11 faut nous occuper plus longuement de la secte anarchiste communiste et révolutionnaire, et des énergumènes qui la composent.

2. Lanarchisme communiste.

Il est fort malaisé de trouver entre ces deux termes un lien logique, l’anarchisme impliquant la liberté politique absolue, et le communisme l’égalité économique, une production des richesses, c’est-à-dire un tra- vail obligatoire pour tous, résultat que la société, semble-t-il, ne pourrait obtenir que par la contrainte. Aussi Proudhon est-il abso- lument opposé au communisme  : « Retirez- vous de moi, communistes, vous me dégoû- tez! >) Il prouve comme Cabet qu’un tel système rendrait la vie fatigante et odieuse, tuerait l’esprit, détruirait la liberté, et que sans celle-ci l’homme n’est (|u’un misérable galérien qui traîne jusqu’au tombeau la chaîne de ses espérances détruites  : si l’on arrive à tuer l’individualité, l’humanité ne sera plus qu’un grand polype. Proudhon, sur ce point si essentiel, n’est pas communiste, il est mutuelliste. « Il cherche, dit Kropot- kine, à rendre le capital moins offensif, mal- gré le maintien de la propriété individuelle, qu’il détestait au fond du cœur, mais qu’il croyait nécessaire à l’individu pour le proté- ger contre l’État. » Il veut que l’ouvrier tra- vaille autant qu’il lui plait et comme il lui plaît, mais qu’il reçoive le produit intégral de son travail, et non un salaire. Il tixe, comme Marx, la valeur d’un produit par le temps nécessaire à l’établir, et remplace l’ar- gent par des bons de circulation qu’émettra une banque populaire. Le crédit viendra de celui qui fournit la marchandise contre ces billets, et il recevra ce qu’il a prêté en don- nant ces billets à d’autres. Il faut donc sup- poser que le papier inspirera une confiance suffisante et c’est le talon d’Achille du sys- tème. Dans celte théorie proudhonienne reprise par Tucker, les groupes reçoivent de la société les moyens de production dont


ils ont besoin et se font librement concur- rence. Toutefois Proudhon donne à la société le droit de dissoudre les associations qui vendraient trop cher. — Tout d’ailleurs sera réglé non par autorité hiérarchique, mais d’après des lois statistiques sous le contrôle de l’Académie des sciences. Or la loi qui s’appuie sur la nécessité ne gêne jamais l’indépendance... Enfin Proudhon, après avoir suppiimé la propriété privée, la réta- blit sous le nom de possession perpétuelle ; il supprime de même les impôts et les réta- blit. N’insistons pas sur ces contradictions et bornons-nous à constater qu’en matière d’anar- chisme économique il est un pur hétérodoxe. De même que les socialistes, les anarchis- tes communistes visent en principe à l’ex- propriation des capitalistes, de tous ceux qui vivent de rente, de profit, d’intérêt, et à la mise en commun des instruments de production. Mais ils se séparent d’eux lors- qu’il s’agit d’organiser le travail dans la société nouvelle. Les socialistes sont collec- tivistes et les anarchistes communistes. Où est la différence? Le collectivisme est un com- munisme codifié où chacun a sa place marquée, travaille sous une règle coercitive, et obtient une part proportionnelle de nourriture, de vêtement et d’abri. C’est un retour à l’ancienne corporation obligatoire. L’organisation qu’il imagine, d’après Spen- cer, exigerait des caporaux, des sergents, des capitaines d’industrie, qui diraient à chacun : a Faites votre devoir, prenez vos rations ». Ces surveillants, il est vrai, seraient nommés par les ouvriers eux-mêmes, au lieu de leur être imposés par des patrons, mais qui ne sait à quels abus, à quelles intrigues donne lieu la brigue des suffrages ? On se plaint de bureau- cratie  : or imaginez dans chaque village une organisation pour distribuer chaque objet utile ou nécessaire à la vie. De quel poids effrayant la machine administrative pèserait sur chacun  ; et le mécontent, à qui pourrait- il en appeler ’? L’anarchiste Malato est aussi effrayé qu’Herbert Spencer de ce fonctionna- risme oligarchique, plus dangereux que le despotisme de la monarchie, parce que ce serait le despotisme de la loi, insaisissable et impersonnel. Les collectivistes, d’après le prince Kropotkine, maintiennent sous d’autres noms le gouvernement représen- tatif et le salariat. Ils transformeraient la société en bagne industriel, « où, dit grossiè- rement un compagnon, il faudrait encore la permission dri contremaître pour aller p... » « Ces idées malsaines de couvent et de caserne sont nées dans des cerveaux pervertis par le commandement, ou déformés par une éducation religieuse.


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