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DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.

jours paresseuse, n’est point tenue à cet effort qu’il faut toujours faire pour se porter vers un objet nouveau, pour s’en occuper.

Troisième cause—C’est la séparation des occupations qui a fait découvrir les procédés les plus expéditifs ; elle a naturellement réduit chaque opération à une tâche fort simple et sans cesse répétée : or, ce sont de pareilles tâches qu’on parvient plus aisément à faire exécuter par des outils ou machines.

Les hommes d’ailleurs trouvent bien mieux les manières d’atteindre un certain but, lorsque ce but est proche, et que leur attention est constamment tournée du même côté. La plupart des découvertes, même celles que les savans ont faites, doivent être attribuées originairement à la subdivision des travaux, puisque c’est par une suite de cette subdivision que des hommes se sont occupés à étudier certaines branches de connaissances exclusivement à toutes les autres ; ce qui leur a permis de les suivre beaucoup plus loin[1].

Ainsi les connaissances nécessaires pour la prospérité de l’industrie commerciale, par exemple, sont bien plus perfectionnées quand ce sont des hommes différens qui étudient :

L’un, la géographie, pour connaître la situation des états et leurs produits ;

L’autre, la politique, pour connaître ce qui a rapport à leurs lois, à leurs mœurs, et quels sont les inconvéniens ou les secours auxquels on doit s’attendre en trafiquant avec eux ;

L’autre, la géométrie, la mécanique, pour déterminer la meilleure forme des navires, des chars, des machines ;

L’autre, l’astronomie, la physique, pour naviguer avec succès, etc.

S’agit-il de la partie de l’application dans la même industrie commerciale, on sentira qu’elle sera plus parfaite lorsque ce seront des négocians différens qui feront le commerce d’une province à l’autre, le commerce de la Méditerranée, celui des Indes orientales, celui d’Amérique, le commerce en détail, etc., etc.

Cela n’empêche nullement de cumuler les opérations qui ne sont pas

  1. Mais si l’on doit à la séparation des travaux plusieurs découvertes importantes dans les arts, on ne lui doit pas les produits qui ont résulté, et qui résulteront à jamais de ces découvertes. On doit la multiplication de ces produits à la puissance productive des agens naturels, quelle que soit l’occasion par où l’on est venu à savoir les employer, ainsi que cela a été établi plus haut.