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LIVRE PREMIER. — CHAPITRE VI.

rieur ou du dehors de longs termes, des facilités pour le paiement. Celles qui ont moins de capitaux encore ne sont pas toujours en état de faire l’avance même de leurs matières premières et de leur travail. Voilà pourquoi on est obligé, aux Indes et en Russie, d’envoyer quelquefois le prix de ce qu’on achète six mois et même un an avant le moment où les commissions peuvent être exécutées. Il faut que ces nations soient bien favorisées à d’autres égards pour faire des ventes si considérables malgré ce désavantage.

Après avoir vu de quelle manière trois grands agens de la production, l’industrie humaine, les capitaux et les agens que nous offre la nature, concourent à créer des produits, c’est-à-dire des choses à l’usage de l’homme, pénétrons plus avant dans l’action de chacun en particulier. Cette recherche est importante, puisqu’elle nous conduira insensiblement à savoir ce qui est plus ou moins favorable à la production, source de l’aisance des particuliers et de la puissance des nations.

CHAPITRE VI.

Des opérations communes à toutes les industries.

En observant en eux-mêmes les procédés de l’industrie humaine, quel que soit le sujet auquel elle s’applique, on s’aperçoit qu’elle se compose de trois opérations distinctes.

Pour obtenir un produit quelconque, il a fallu d’abord étudier la marche et les lois de la nature, relativement à ce produit. Comment aurait-on fabriqué une serrure, si l’on n’était parvenu à connaître les propriétés du fer, et par quels moyens on peut le tirer de la mine, l’épurer, l’amollir et le façonner ?

Il a fallu ensuite appliquer ces connaissances à un usage utile, juger qu’en façonnant le fer d’une certaine façon, on en ferait un produit qui aurait pour les hommes une certaine valeur.

Enfin, il a fallu exécuter le travail manuel indiqué par les deux opérations précédentes, c’est-à-dire forger et limer les différentes pièces dont se compose une serrure.

Il est rare que ces trois opérations soient exécutées par la même personne.

Le plus souvent un homme étudie la marche et les lois de la nature. C’est le savant.