LIVRE PREMIER
DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.
CHAPITRE PREMIER.
Ce qu’il faut entendre par production.
Les hommes jouissent de certains biens que la nature leur accorde gratuitement, tels que l’air, l’eau, la lumière du soleil ; mais ce ne sont pas ces biens auxquels, dans l’acception commune, ils donnent le nom de richesses. Ils le réservent pour ceux qui ont une valeur qui leur est propre, et qui sont devenus la propriété exclusive de leurs possesseurs, tels que des terres, des métaux, des monnaies, des grains, des étoffes, des marchandises de toutes les sortes. Si l’on donne aussi le nom de richesses à des contrats de rentes, à des effets de commerce, il est évident que c’est parce qu’ils renferment un engagement pris de livrer des choses qui ont une valeur par elles-mêmes. La richesse est en proportion de cette valeur : elle est grande, si la somme des valeurs dont elle se compose est considérable ; elle est petite, si les valeurs le sont.
Suivant l’usage ordinaire, on n’appelle riches que les personnes qui possèdent beaucoup de ces biens ; mais lorsqu’il s’agit d’étudier comment les richesses se forment, se distribuent et se consomment, on nomme