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LIVRE TROISIÈME. — CHAPITRE VII.

de dettes. Eh bien, huit années n’étaient pas écoulées, que Frédéric-Guillaume III, non-seulement avait acquitté les dettes de son père, mais avait formé un nouveau trésor ; tant est puissante l’économie, même dans un pays borné par son étendue comme par ses ressources !

CHAPITRE VII.

Des principaux objets de la Dépense publique.

Nous avons vu, dans le dernier chapitre, que toutes les consommations publiques étant par elles-mêmes un sacrifice, un mal qui n’a d’autre compensation que l’avantage qui résulte pour le public de la satisfaction d’un besoin, une bonne administration ne dépense jamais pour dépenser, et s’assure que l’avantage qui doit naître pour le public d’un besoin satisfait, surpasse l’étendue du sacrifice que le public a dû faire pour cela.

Jetons maintenant un coup d’œil sur les principaux besoins du public dans une société civilisée ; c’est l’unique moyen d’apprécier convenablement l’étendue des sacrifices qu’ils méritent qu’on fasse pour les obtenir[1].

Les produits matériels qui sont consommés dans l’intérêt du public, sont les munitions de guerre et de bouche, nécessaires à l’entretien des armées ; les provisions que réclament les hôpitaux, les prisons, et en général toutes les personnes à l’entretien desquelles l’état pourvoit directement. Les feux d’artifice tirés publiquement dans les solennités, sont des produits matériels consommés pour l’amusement du peuple. Mais de toutes les dépenses publiques, les plus considérables sont celles qu’entraînent les services rendus, ou censés rendus, par les hommes ou par les choses, et qui ont été caractérisés, dans le premier livre de cet ouvrage, sous le nom de produits immatériels.

Les services personnels sont ceux de tous les fonctionnaires publics civils, judiciaires, militaires, religieux. Le public, en payant une liste civile, des traitemens, des salaires, achète des services personnels qui sont consommés dans son intérêt, et pour satisfaire un des besoins de la société. Je dis que ces services sont consommés ; car, après qu’ils ont été

  1. Je dois me borner ici à quelques aperçus, car un traité d’économie ne peut renfermer un traité d’administration ; de même qu’en parlant des procédés des manufactures, je n’ai pu donner un traité des arts et métiers. Ces ouvrages restent à faire.