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PRÉLIMINAIRE.

toyer la science de beaucoup de préjugés, mais ne s’attacher qu’aux erreurs accréditées, et aux auteurs qui se sont fait un nom. Quel mal peut faire un écrivain inconnu ou une sottise décriée ? Il fallait préciser les expressions au point que chaque mot ne pût jamais être entendu de deux façons différentes, et réduire les questions à leurs termes les plus simples, pour qu’on pût découvrir avec facilité toutes les erreurs, et surtout les miennes. Il fallait enfin rendre la doctrine tellement populaire[1], que tout homme doué d’un sens droit pût la saisir dans son ensemble et dans ses détails, et en appliquer les principes à toutes les circonstances de la vie.

On m’a combattu surtout dans ce que j’ai dit de la valeur des choses comme mesure des richesses. C’était ma faute ; il fallait qu’on ne pût pas s’y méprendre. La seule réponse utile était de me rendre plus clair, et c’est ce que j’ai tâché de faire. Je demande pardon aux acquéreurs des premières éditions de cet ouvrage, des nombreuses corrections que j’ai faites à celle-ci : mon premier devoir, dans un sujet si important pour le bonheur des hommes, était de rendre mon livre le moins imparfait qu’il était possible.

Depuis les premières éditions qui en ont été faites, plusieurs écrivains, dont quelques-uns jouissent d’une juste célébrité[2],

  1. Par un traité populaire, je n’entends pas un traité à l’usage de la populace qui ne sait pas lire, et qui n’a que faire d’un livre ; j’entends un traité qui n’est pas uniquement réservé à ceux qui cultivent par état ou par goût ce genre de connaissances, mais qui est destiné à tous ceux qui remplissent, avec un esprit éclairé, les diverses fonctions de la société.
  2. MM. Ricardo, Sismondi, et d’autres. Le sexe même s’est aperçu qu’il se ferait injure en se croyant disproportionné avec un genre d’études destiné à exercer une si favorable influence sur la prospérité des familles. Une dame (madame Marcet) a fait paraitre en anglais des Conversations sur l’économie politique, qui ont été traduites en français, et où de très-bons principes sont présentés sous des formes très-agréables.