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LIVRE SECOND. — CHAPITRE VII.

vices productifs par le moyen desquels on peut obtenir les produits.

Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que la demande de certains produits est toujours plus soutenue que celle de certains autres. Nous en avons conclu que les services qui se consacrent à ces genres de production, toutes choses d’ailleurs égales, sont mieux récompensés que les autres.

Continuant toujours à particulariser davantage, nous examinerons, dans ce chapitre-ci et dans les suivans, les cas où les profits de l’industrie sont plus ou moins forts relativement à ceux des capitaux ou des terres, et réciproquement ; de même que les raisons qui font que les profits de tel emploi de l’industrie ou bien des capitaux, ou bien des terres, sont plus ou moins considérables que les profits de tel autre emploi.

Et d’abord, comparant les profits de l’industrie avec ceux des capitaux et des terres, nous trouverons qu’ils sont plus forts là où des capitaux abondans réclament une grande quantité de qualités industrielles, comme c’était le cas en Hollande avant la révolution. Les services industriels y étaient très-chèrement payés ; ils le sont encore dans les pays, comme les États-Unis, où la population, et par conséquent les agens de l’industrie, malgré leur rapide multiplication, restent en arrière de ce que réclament des terres sans bornes et des capitaux journellement grossis par une épargne facile.

La situation de ces pays est en général celle où la condition de l’homme est la meilleure, parce que les personnes qui vivent des profits de leurs capitaux et de leurs terres, peuvent mieux supporter la modicité des profits que ceux qui vivent de leur industrie seulement. Les premiers, outre la ressource de consommer leurs fonds au besoin, ont celle d’ajouter quelques profits industriels à leurs autres revenus ; tandis qu’il ne dépend pas d’un homme industrieux, qui n’est que cela, de joindre à son revenu industriel celui des capitaux et des terres qu’il n’a pas.

Venant ensuite à comparer entre eux les services de l’industrie, quel que soit le grade où l’on se trouve placé, nous observerons que les causes qui bornent la quantité de services industriels mis en circulation dans chaque genre, peuvent se ranger dans une de ces trois catégories :

1o Ou les travaux de cette industrie entraînent des dangers, ou simplement des désagrémens ;

2o Ou bien ils ne fournissent pas une occupation constante ;

3o Ou bien ils exigent un talent, une habileté, qui ne sont pas communs.