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PRÉLIMINAIRE.

chesses ne soit que la contre-partie de celui de la production, et que la doctrine de Smith conduise à l’envisager sous son vrai point de vue, cet auteur ne le développe point ; ce qui l’empêche d’établir plusieurs vérités importantes. C’est ainsi que, ne caractérisant pas les deux sortes de consommations, l’improductive et la reproductive, il ne prouve point d’une manière satisfesante que la consommation des valeurs épargnées et accumulées pour former des capitaux, est aussi réelle que la consommation des valeurs qu’on dissipe. Mieux on connaîtra l’économie politique, et mieux on appréciera l’importance des pas qu’il a fait faire à cette science, et de ceux qu’il lui a laissés à faire[1].

La forme de son livre, c’est-à-dire la manière dont la doctrine y est présentée, donne lieu à des reproches non moins graves.

Smith manque de clarté en beaucoup d’endroits, et de méthode presque partout. Pour le bien entendre, il faut être habitué soi-même à coordonner ses idées, à s’en rendre compte ; et ce travail met le livre hors de la portée de la plupart des lecteurs, du moins dans quelques-unes de ses parties ; tellement que des personnes éclairées d’ailleurs, fesant profession de le connaître et de l’admirer, ont écrit sur des matières qu’il a traitées, sur l’impôt, par exemple, sur les billets de banque, comme supplément de la monnaie, sans avoir entendu un seul mot de sa théorie sur ces matières, laquelle forme cependant une des plus belles parties de son livre.

Ses principes fondamentaux ne sont point établis dans des

  1. Plusieurs autres points de doctrine que ceux qui sont indiqués dans ce Discours préliminaire, ont été méconnus par Adam Smith, ou laissé imparfaitement analysés dans son ouvrage. On pourra s’en convaincre en lisant attentivement l’Épitome joint à ce Traité ; particulièrement aux mots Débouchés, Fonds et Revenus, Frais de production, Monnaie, Produit brut et Produit net, Richesse.