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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

baissait pas les droits, on abandonnait tantôt une mine, tantôt une autre ; ce qui prouve que la circulation ne pouvait pas absorber les supplémens qui lui étaient offerts au prix où l’impôt les élevait. Après avoir encore réduit les droits, après les avoir supprimés tout-à-fait, si les consommateurs ne voulaient pas payer les frais de production nécessaires, nous verrions abandonner successivement les exploitations les plus dispendieuses, et conserver celles où les frais de production seraient moindres.

Du reste, quel que soit le gouvernement qui s’y établira, le Mexique et le Pérou continueront vraisemblablement à nous fournir nos principaux approvisionnemens de métaux précieux. L’or et l’argent sont des marchandises de leur crû ; leurs peuples sont intéressés à les donner, et nous à les recevoir en échange de beaucoup d’autres produits que nous pouvons leur fournir. Plus les péruviens et les mexicains seront nombreux, libres et civilisés, et plus ils nous fourniront d’or et d’argent, parce que les procédés pour exploiter les mines seront alors chez eux plus perfectionnés, parce qu’ils auront besoin d’une plus grande quantité de nos produits. C’est une circonstance favorable que ces deux nations n’obéissent plus au même gouvernement : leur concurrence convient au reste de la terre. Si des troubles politiques doivent troubler encore l’exercice de l’industrie et les communications du commerce, ces troubles n’ont qu’un temps ; les nations retombent toujours sous l’empire de leurs intérêts, et d’autant plus promptement qu’elles sont plus éclairées et les comprennent mieux.

CHAPITRE IV.

De ce qui fait l’importance de nos revenus.

Dans le premier livre de cet ouvrage, j’ai dit comment les produits sortent des fonds productifs que nous possédons, c’est-à-dire de nos facultés industrielles, de nos capitaux et de nos terres. Ces produits forment le revenu des propriétaires des fonds, et leur procurent les choses nécessaires à leur existence, qui ne leur sont pas gratuitement données par la nature ou par leurs semblables.

Le droit exclusif qu’on a de disposer d’un revenu naît du droit exclusif qu’on a sur le fonds ; car le maître du fonds peut le laisser oisif, et détruire ainsi d’avance le revenu qui peut en provenir. Là où le droit exclusif sur le fonds n’existe pas, il n’y a ni fonds, ni revenus ; il n’y a pas de richesses ;