En 1536, sous François Ier, le prix du setier étant de 3 livres 1 sou 11 deniers, et le marc d’argent fin s’appelant 13 livres tournois, l’hectolitre de froment se fesait payer 731 grains d’argent pur.
En 1610, année de la mort d’Henri IV, le prix commun du blé étant de 8 livres 1 sou 9 deniers, et le marc d’argent fin se nommant 22 livres tournois, l’hectolitre de froment valait autant que 1,130 grains d’argent.
En 1640, le prix du setier étant de 12 livres 10 sous, et le marc d’argent fin contenant 30 livres tournois, l’hectolitre valait 1,280 grains d’argent.
En 1789, le prix commun du setier de blé étant, suivant Lavoisier, de 24 livres tournois, et le marc d’argent fin à 54 livres 19 sous, l’hectolitre valait 1,342 grains d’argent.
Enfin, en 1820, en supposant le prix commun du blé froment à 19 francs l’hectolitre[1], nous trouvons qu’un hectolitre vaut autant que 1610 grains d’argent fin.
Il semblerait donc que l’argent, à partir du temps d’Alexandre, a graduellement augmenté de valeur jusque vers le temps de Charles VII et de la pucelle d’Orléans. Cette époque est celle où l’on a donné le moins de grains d’argent fin pour une même quantité de froment. À partir de cette époque, on a commencé à en donner un peu plus ; et, sauf probablement des oscillations qui nous échappent à cause du peu d’exactitude qu’on a mise à nous conserver le prix courant des blés, et les différences de prix d’un lieu à l’autre, la quantité d’argent offerte pour acheter du blé a constamment augmenté jusqu’à nos jours.
- ↑ Le prix moyen de l’hectolitre de froment, relevé sur les mercuriales du marché de Roye en Picardie, depuis les années 1796 à 1816, en retranchant les deux années de plus grande cherté et de plus grande abondance, m’a donné 16 fr. 20 c.
Le prix moyen du même hectolitre à la halle de Paris, de 1801 à 1819, en retranchant de même les deux plus fortes et les deux plus faibles années, est de 19 fr. 79 cent.
Le prix moyen du même hectolitre pour toute la France, pendant les années 1799 à 1810, suivant un rapport du ministre de l’intérieur, du 25 juillet 1811, est de 19 fr. 82 c.
Le marché de Roye, situé au centre d’une province à blé, et constatant son prix avant qu’il ait subi un transport, qui presque partout fait une partie de sa valeur, donne un prix commun trop bas. Les autres, embrassant des cantons où il fut fait des approvisionnemens pour les armées, donnent un prix probablement un peu trop élevé. Je ne crois pas m’éloigner beaucoup de la vérité en fixant le prix ordinaire du blé à 19 fr. Ce prix fait revenir le pain à 3 1/4 sous la livre.