qui peut s’expliquer par les circonstances particulières aux deux capitales.
Comme il ne peut être question en ceci que d’approximations, pour avoir le prix du blé en argent dans l’antiquité, nous prendrons le prix moyen entre ces deux-là, qui est 289 grains.
Passons au moyen-âge :
Charlemagne fit un réglement qui défendit de jamais vendre le modius de blé au-dessus de quatre deniers. Or, le denier de Charlemagne était une monnaie d’argent du poids de 2845 grains d’argent, poids de marc, portant un vingt-quatrième d’alliage[1]. Mais quelle était la capacité du modius ? Nous l’ignorons. Ce n’était pas le modius des romains qui ne pesait que 14 de nos livres, et qui, taxé à 4 deniers ou 11515 grains d’argent fin, aurait fait revenir le prix de notre hectolitre à plus de 1,200 grains d’argent fin. Ce n’était pas notre ancien muid de 12 setiers qui pesait 2,880 livres ; ce qui aurait réduit le prix en argent de notre hectolitre à 60 grains.
Cherchons par une autre voie la capacité de ce modius de Charlemagne.
On voit dans ce même réglement que le pain de froment est taxé à raison d’un denier pour douze pains, de deux livres chaque ; ce qui fait un denier pour 24 livres de pain. On sait par l’expérience que le poids de l’humidité qu’on introduit dans le pain, balance les frais de panification et les déchets de la mouture. Une livre de pain et une livre de froment vont ordinairement de pair pour le prix. Or, en même temps que l’on fixait le prix du pain à un denier les 24 livres, on fixait le prix du froment à 4 deniers le modius ; le modius devait donc peser, à peu de chose près, quatre fois 24 livres, ou 96 livres de poids du temps de Charlemagne, qui équivalent à 72 livres, poids de marc. Telle est la quantité de blé taxée quatre deniers.
Le denier de Charlemagne pesait 2845 grains, dont il faut déduire 124 d’alliage ; il y reste donc 2735 grains d’argent fin. Quatre deniers par conséquent en contenaient 11025. Voilà le prix en argent de 72 livres de froment, poids de marc. à ce compte notre hectolitre, qui pèse 160 de ces livres, aurait coûté 24513 grains d’argent fin.
Dans l’antiquité, il en valait 289 ; sous Charlemagne, 245 : on donnait moins d’argent pour la même quantité de blé ; il semble dès-lors que l’argent était devenu plus précieux. Je ne peux pas répondre que cette
- ↑ Garnier, Histoire des Monnaies, tome II, p. 342.