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DISCOURS

Hume, dont les Essais contiennent beaucoup de vues saines sur l’économie politique comme sur beaucoup d’autres sujets.

Après avoir montré, autant qu’on peut le faire dans une esquisse aussi rapide, les progrès que l’économie politique doit à Smith, il ne sera peut-être pas inutile d’indiquer aussi sommairement quelques-uns des points sur lesquels il paraît s’être trompé, et de ceux qu’il a laissés à éclaircir.

Il attribue au seul travail de l’homme le pouvoir de produire des valeurs. Une analyse plus complète prouve, ainsi qu’on le verra dans le cours de cet ouvrage, que ces valeurs sont dues à l’action du travail ou plutôt de l’industrie de l’homme, combinée avec l’action des agens que lui fournit la nature, et avec celle des capitaux. Je ne crains pas d’avancer que Smith n’avait pas envisagé sous toutes ses faces le grand phénomène de la production[1]. N’attribuant que peu de choses à l’action de la terre et rien aux services rendus par les capitaux, il exagère l’influence de la division du travail, ou plutôt de la séparation des occupations ; non que cette influence soit nulle, ni même médiocre, mais les plus grandes merveilles en ce genre ne sont pas dues à la nature du travail ; on les doit à l’usage qu’on fait des forces de la nature. Ce principe méconnu l’empêche d’établir la vraie théorie des machines par rapport à la production des richesses.

Le phénomène de la production mieux connu, a permis de distinguer et d’assigner la différence qui se trouve entre un renchérissement réel et un renchérissement relatif[2] ; différence qui donne la solution d’une foule de problèmes absolument inexplicables sans cela, et tels, par exemple, que ceux-ci : Un impôt, ou tout autre fléau, en fesant renchérir les denrées, augmente-t-il

  1. Voyez à l’Épitome, placé à la fin de cet ouvrage, les mots Production et Capital.
  2. Chapitre 3 du second Livre de cet ouvrage.