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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

LIVRE SECOND

DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

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CHAPITRE PREMIER.

Des fondemens de la valeur des choses.

Dans le livre qui précède, j’ai exposé les principaux phénomènes de la production. On a pu voir que nous devons à l’industrie humaine, aidée des capitaux et des fonds de terre, toutes les utilités créées, premiers fondemens des valeurs. On a pu voir de plus dans ce premier livre en quoi les circonstances sociales et l’action du gouvernement sont favorables ou nuisibles à la production.

Dans ce livre-ci, sur la distribution des richesses, après avoir fixé nos idées sur les causes qui déterminent le taux de la valeur produite, nous chercherons à connaître la manière et les proportions suivant lesquelles elle se distribue dans la société, et forme les revenus des personnes qui la composent. Je serai obligé de revenir en commençant sur quelques principes élémentaires dont je n’ai dit, en tête de cet ouvrage, que ce qui était absolument nécessaire pour que l’on pût comprendre le mécanisme de la production. Les développemens que j’y ajoute ici confirment ces principes, loin de les ébranler.

Évaluer une chose, c’est déclarer qu’elle doit être estimée autant qu’une certaine quantité d’une autre chose qu’on désigne. Toute autre chose, pourvu qu’elle ait une valeur, peut servir de terme de comparaison. Ainsi, une maison peut être évaluée en blé comme en argent. Si, lorsqu’on évalue une maison vingt mille francs en argent, on a une idée un peu plus précise de sa valeur que lorsqu’on l’évalue mille hectolitres de froment, c’est uniquement parce que l’habitude d’apprécier toute chose en numéraire, nous permet de nous former une idée assez exacte de ce que peuvent valoir vingt mille francs, c’est-à-dire, l’idée des choses qu’on peut avoir pour vingt mille francs, plus vite et plus exactement que nous ne pouvons nous former une idée des choses qu’on peut avoir en échange de mille hectolitres de froment. Néanmoins, en supposant que le prix de chaque