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LIVRE PREMIER. — CHAPITRE XXIX.

métal, et ce fut la première cause de leur dégradation ; car, sous Philippe Ier, les sols d’argent formant une livre de compte, pesaient bien encore une livre de poids ; mais cette livre de poids était composée de 8 onces d’argent allié avec 4 onces de cuivre, au lieu de contenir, comme sous la seconde race, 12 onces d’argent fin, poids de la livre d’alors.

4o Enfin, la livre de poids elle-même était une grandeur arbitraire qui pouvait être changée par le législateur, tandis qu’une mesure fondée sur la grandeur de la terre est une quantité invariable.

L’usure des pièces de monnaies, ou ce qu’on nomme en terme de l’art, le frai, est proportionnée à l’étendue de leur surface. Entre deux morceaux de métal de même poids, celui qui s’usera le moins sera celui qui offrira le moins de surface au frottement. La forme sphérique, la forme d’une boule, serait par conséquent celle qui s’userait le moins ; mais elle a été rejetée, parce qu’elle est trop incommode.

Après cette forme-là, celle qui offre le moins de surface, est celle d’un cylindre qui serait aussi long que large ; cette forme serait presque aussi incommode : on s’est donc en général arrêté à la forme d’un cylindre fort aplati. Mais il résulte de ce qui vient d’être dit, qu’il convient de l’aplatir aussi peu que l’admet l’usage qu’on en doit faire, c’est-à-dire, de faire les pièces de monnaie plutôt épaisses qu’étendues.

Quant à l’empreinte, voici quelles doivent être ses principales qualités : la première de toutes est de constater le poids de la pièce et son titre. Il faut donc qu’elle soit très-visible et très-intelligible, afin que les plus ignorans puissent comprendre ce qu’elle signifie. Il faut de plus que l’empreinte s’oppose, autant qu’il est possible, à l’altération de la pièce, c’est-à-dire qu’il convient que la circulation naturelle ou la friponnerie ne puissent pas altérer le poids de la pièce sans altérer son empreinte. Une torsade pratiquée dans l’épaisseur de la tranche, qui ne l’occupe pas tout entière, et l’affleure sans l’excéder, empêche les pièces d’être rognées sans qu’il y paraisse.

L’empreinte, quand elle est saillante, doit l’être peu, pour que les pièces se tiennent facilement empilées, et surtout pour qu’elles soient moins exposées à l’action du frottement. Par la même raison, les traits d’une empreinte saillante ne doivent pas être déliés : le frottement les emporterait trop aisément. On a proposé, dans ce but, de faire des empreintes en creux. Elles auraient l’inconvénient de se remplir de malpropretés. On pourrait néanmoins en essayer.

Les motifs pour donner en général aux pièces de monnaie le moins de