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DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.

monnaies se trouve être la chose la plus simple : une branche de l’orfévrerie.

Les poids dont on s’est servi jusqu’à l’introduction du système métrique en France, c’est-à-dire, les onces, gros, grains, avaient l’avantage de présenter des quantités pondérantes, fixes depuis plusieurs siècles, et applicables à toutes les marchandises ; de manière qu’on ne pouvait changer l’once pour les métaux précieux, sans la changer pour le sucre, le miel, et toutes les denrées qui se mesurent au poids ; mais combien, sous ce rapport, les poids du nouveau système métrique n’ont-ils pas plus d’avantages encore ? Ils sont fondés sur une quantité donnée par la nature, et qui ne peut varier tant que notre globe subsistera. Le gramme est le poids d’un centimètre cubique d’eau ; le centimètre est la centième partie du mètre, et le mètre est la dix millionième partie de l’arc que forme la circonférence de la terre du pôle à l’équateur. On peut changer le nom de gramme, mais il n’est pas au pouvoir des hommes de changer la quantité pesante de ce qu’on entend actuellement par gramme ; et quiconque s’engagerait à payer, à une époque future, une quantité d’argent égale à cent grammes d’argent, ne pourrait, quelque opération arbitraire qui intervînt, payer moins d’argent sans violer sa promesse d’une manière évidente.

La facilité que le gouvernement peut donner pour l’exécution des échanges et des contrats où la marchandise-monnaie est employée, consiste à diviser le métal en différentes pièces, d’un ou de plusieurs grammes, d’un ou de plusieurs centigrammes, de manière que, sans balance, on puisse compter quinze, vingt, trente grammes d’or ou d’argent, selon les paiemens qu’on veut faire.

Des expériences faites par l’académie des sciences prouvent que l’or et l’argent purs résistent moins au frottement que lorsqu’ils contiennent un peu d’alliage ; les monnayeurs disent, de plus, que, pour les épurer complétement, il faudrait des manipulations dispendieuses, qui renchériraient beaucoup la fabrication des monnaies. Qu’on mêle donc à l’or et à l’argent une certaine quantité d’alliage ; mais que cette quantité soit annoncée par l’empreinte, qui ne doit être autre chose qu’une étiquette certifiant le poids et la qualité du métal.

On voit qu’il n’est ici aucunement question de francs, de décimes, de centimes. C’est qu’en effet de tels noms ne devraient point exister, attendu qu’ils ne sont le nom de rien. Nos lois veulent qu’on frappe des pièces d’un franc qui pèseront cinq grammes d’argent : elles devraient ordonner simplement qu’on frappât des pièces de 5 grammes.