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DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.

En les joignant aux 685 millions du montant des engagemens à terme, on aura 1,925 millions qu’il s’agit, à l’aide du blé, de réduire en valeur actuelle.

Le prix moyen du blé extrait des années 1685 à 1716, en excluant les années extraordinaires du plus haut et du plus bas prix, donne pour le setier de Paris 17 livres 16 sous. En traduisant par 28 francs 50 centimes chaque somme de 17 livres 16 sous qui se trouve dans la dette de Louis XIV, elle nous donnera un total de 3 milliards et 82 millions de francs ; triste résultat de la gloriole militaire du prince et des nombreux abus de sa cour.

CHAPITRE XXIX.

Ce que devraient être les Monnaies.

Ce que j’ai dit jusqu’à présent des monnaies peut faire pressentir ce qu’il faudrait qu’elles fussent. L’extrême convenance des métaux précieux pour servir de monnaie, les a fait préférer presque partout pour cet usage. Nul autre matière n’y est plus propre ; ainsi nul changement à cet égard n’est désirable[1].

On en peut dire autant de la division des métaux précieux en portions égales et maniables. Il convient donc de les frapper, comme on a fait jusqu’à présent chez la plupart des peuples civilisés, en pièces d’un poids et d’un titre pareils.

Il est au mieux qu’elles portent une empreinte qui soit la garantie de ce poids et de ce titre, et que la faculté de donner cette garantie, et par conséquent de fabriquer les pièces de monnaies, soit exclusivement réservée

  1. L’adoption d’un papier-monnaie, tel que l’a proposé Ricardo (voyez le chap. 26), aurait l’avantage de remplacer un instrument coûteux par un instrument économique ; mais cette économie entraîne des risques et des inconvénients qui outrepassent peut-être ses avantages ; d’ailleurs un bon système de monnaies métalliques rend plus sûr l’emploi des billets de confiance, qui ont une partie des avantages du papier-monnaie.