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DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.

Le gouvernement, qui met en circulation des coupures qui ne sont autre chose que des billets de confiance, devrait toujours les échanger, à bureau ouvert, contre de l’argent, du moment qu’on lui en rapporte un nombre suffisant pour égaler une pièce d’argent. C’est le seul moyen de s’assurer qu’il n’en reste pas entre les mains du public au-delà de ce qu’en réclament les menus échanges et les appoints. S’il en restait plus, les pièces de cuivre ne pouvant avoir les mêmes avantages pour leur possesseur que l’or ou l’argent qu’elles représentent, mais qu’elles ne valent pas, il chercherait à s’en défaire, soit en les vendant à perte, soit en payant de préférence avec cette monnaie les menues denrées, qui renchériraient en raison de cela, soit enfin en plaçant ces pièces dans les paiemens qu’il a à faire, en plus grande proportion que ne l’exigent les appoints.

Le gouvernement, qui est intéressé à ce qu’on ne les vende pas à perte, attendu qu’il disposerait moins avantageusement de celles qu’il met en circulation, autorise ordinairement le dernier parti. Avant 1808, par exemple, on était autorisé à Paris à payer en monnaie de cuivre 1 sur 40 des sommes qu’on devait ; ce qui produisait un effet pareil à une altération dans le titre des monnaies. Une somme de monnaie valant un peu moins, en raison de cette circonstance, les vendeurs de toute espèce de marchandises, qui, sans savoir les causes qui influent sur la valeur des monnaies, connaissent très-bien ce que les monnaies valent, fesaient leur prix en conséquence.

Chaque vendeur, armé d’une balance et d’un creuset, ne s’arrête pas à vérifier le titre et le poids des monnaies ; mais les gens qui font le commerce des matières d’or et d’argent, ou d’autres métiers analogues, sont perpétuellement occupés à comparer la valeur des métaux précieux contenus dans les monnaies avec la valeur courante de ces mêmes monnaies, pour tirer parti des bénéfices que peut laisser leur différence ; et les opérations mêmes qu’ils font pour obtenir ce bénéfice, tendent toujours à établir la valeur courante des monnaies au niveau de leur valeur réelle.

La quantité de cuivre qu’on est forcé de recevoir influe de même sur le change avec l’étranger. Une lettre de change payable en francs à Paris, se vend certainement moins cher à Amsterdam, lorsqu’une partie de sa valeur doit être payée en cuivre ; de même qu’elle vaudrait moins si le franc contenait une moindre quantité d’argent fin et plus d’alliage.

Il faut pourtant remarquer que cette circonstance ne fait pas baisser la valeur de la monnaie en général autant que l’alliage, qui n’a aucune valeur par lui-même, tandis que la monnaie de cuivre qui entrait pour un