eu de disette que dans les pays où le gouvernement s’était mêlé d’approvisionner les peuples. Belloni, banquier de Rome, écrivit en 1750 une dissertation sur le commerce, qui annonce un homme versé dans les changes et dans les monnaies, du reste coiffé de la balance du commerce. Le pape le fit marquis pour cela. Carli, avant Smith, prouva que la balance du commerce n’apprenait rien et ne prouvait rien. Algarotti, que Voltaire a fait connaître sous d’autres rapports, écrivit aussi sur l’économie politique, et le peu qu’il a laissé dénote beaucoup de connaissances positives et d’esprit. Il se tient si près des faits, et s’appuie si constamment sur la nature des choses, que, sans être parvenu à saisir la preuve et la liaison des principes de la science, il se garantit néanmoins de toute idée fausse et systématique. En 1764, Genevosi commença un cours public d’économie politique, dans la chaire fondée à Naples par les soins du respectable et savant Intieri. D’autres chaires d’économie politique furent, à cet exemple, instituées depuis à Milan, et plus récemment dans plusieurs universités d’Allemagne et en Russie.
En 1750, l’abbé Galiani, si connu depuis par ses relations avec plusieurs philosophes français, et par ses Dialogues sur le commerce des grains, mais bien jeune encore, publia un Traité des monnaies qui décèle un savoir et un talent d’exécution consommés, et où l’on soupçonne qu’il fut aidé par l’abbé Intieri et par le marquis Rinuccini. On n’y trouve cependant que les différens genres de mérite que cet auteur a toujours déployés depuis : de l’esprit et des connaissances, le soin de toujours remonter à la nature des choses, un style animé et élégant.
Ce que cet ouvrage a de singulier, c’est qu’on y trouve quelques-uns des fondemens de la doctrine de Smith, et entre autres que le travail est le seul créateur de la valeur des choses,