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PRÉLIMINAIRE.

quoi, l’agriculture. Leurs opérations sur les monnaies sont au nombre des plus mauvaises qui se soient faites.

Les modernes pendant long-temps n’ont pas été plus avancés, même après s’être décrassés de la barbarie du moyen-âge. Nous aurons occasion de remarquer la stupidité d’une foule de lois sur les juifs, sur l’intérêt de l’argent, sur les monnaies. Henri IV accordait à ses favoris, à ses maîtresses, comme des faveurs qui ne lui coûtaient rien, la permission d’exercer mille petites exactions, et de percevoir à leur profit mille petits droits sur diverses branches de commerce ; il autorisa le comte de Soissons à lever un droit de 15 sous sur chaque ballot de marchandises qui sortirait du royaume[1] !

En tous genres les exemples ont devancé les préceptes. Les entreprises heureuses des portugais et des espagnols au quinzième siècle, l’industrie active de Venise, de Gênes, de Florence, de Pise, des provinces de Flandre, des villes libres d’Allemagne à cette même époque, dirigèrent petit à petit les idées de quelques philosophes vers la théorie des richesses.

L’Italie en eut l’initiative, comme elle l’eut, depuis la renaissance des lettres, dans presque tous les genres de connaissances et dans les beaux-arts. Dès le seizième siècle, Botero s’était occupé à chercher les véritables sources de la prospérité publique. En 1613, Antonio Serra fit un traité dans lequel il avait signalé le pouvoir productif de l’industrie mais son titre seul indique ses erreurs : les richesses pour lui étaient les seules matières d’or et d’argent[2]. Davanzati écrivit sur les monnaies et sur les changes ; et, au commencement du dix-huitième siècle, cinquante ans avant Quesnay, Bandini de Sienne, avait montré, par le raisonnement et par l’expérience, qu’il n’y avait jamais

  1. Voyez les Mémoires de Sully, liv. XVI
  2. Breve Trattato delle cause che possono far abondare i regni d’oro e d’argento dove non sono miniere.