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DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.

capital, et probablement avec bénéfice, sous sa première forme, celle d’une monnaie française.

On voit que les choses fesant office de capital sont innombrables ; si, dans un moment donné, on voulait connaître de quoi se compose le capital d’une nation, on trouverait qu’il consiste en une multitude d’objets, de denrées, de matières dont il serait absolument impossible d’assigner avec quelque exactitude la valeur totale, et dont quelques-unes même sont à plusieurs milliers de lieues de ses frontières. On voit en même temps que les denrées les plus fugitives et les plus viles sont non-seulement une partie, mais une partie souvent indispensable de ce capital ; que, quoique perpétuellement consommées et détruites, elles ne supposent point que le capital lui-même soit consommé et détruit, pourvu que sa valeur soit conservée ; et que, par conséquent, l’introduction, l’importation qui peut avoir lieu de ces denrées viles et fugitives, peut avoir le même avantage que l’introduction des marchandises plus durables et plus précieuses, comme l’or et l’argent ; qu’elles en ont vraisemblablement davantage du moment qu’on les préfère ; que les producteurs sont les seuls juges compétens de la transformation, de l’extraction, de l’introduction de ces diverses denrées et matières, et que toute autorité qui intervient là-dedans, tout système qui veut influer sur la production, ne peut qu’y être nuisible.

Il y a des entreprises où le capital est entièrement rétabli, et recommence de nouveaux produits plusieurs fois par année. Dans les manufactures où trois mois suffisent pour confectionner et vendre un produit complet, le même capital peut remplir le même office quatre fois par an. Le profit qu’il rapporte est ordinairement proportionné au temps qu’il est occupé. On comprend qu’un capital qui rentre au bout de trois mois ne rapporte pas un profit aussi grand que celui qui n’est rétabli qu’au bout d’une année ; si cela était, le profit serait quadruple dans l’année, et attirerait dans cet emploi une masse de capitaux dont la concurrence ferait baisser les profits.

Par la raison du contraire, les produits qui exigent plus d’une année de confection, comme les cuirs, doivent, indépendamment du rétablissement de la valeur capitale, rendre les profits de plus d’une année ; autrement, qui voudrait s’en occuper ?

Dans le commerce que l’Europe fait avec l’Inde et la Chine, le capital est occupé pendant deux ou trois années avant de se remontrer. Et, dans le commerce, dans les manufactures, comme dans l’entreprise agricole