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LIVRE PREMIER. — CHAPITRE X.

pouvait résulter, que d’augmenter ses forces navales et de diminuer celles des autres puissances, particulièrement de la Hollande, qui fesait alors un grand commerce de transport, et qui était à cette époque le principal objet de la jalousie anglicane.

On ne peut nier que cette vue ne soit celle d’une habile administration, en supposant toutefois qu’il convienne à une nation de dominer sur les autres[1]. Toute cette vieille politique tombera. L’habileté sera de mériter la préférence, et non de la réclamer de force. Les efforts qu’on fait pour s’assurer la domination ne procurent jamais qu’une grandeur factice qui fait nécessairement de tout étranger un ennemi. Ce système produit des dettes, des abus, des tyrans et des révolutions ; tandis que l’attrait d’une convenance réciproque procure des amis, étend le cercle des relations utiles ; et la prospérité qui en résulte est durable, parce qu’elle est naturelle.

CHAPITRE X.

Quelles transformations subissent les capitaux dans le cours de la production.

Nous avons vu (chapitre 3) de quoi se composent les capitaux productifs d’une nation, et quels sont leurs usages. Il fallait le dire alors pour embrasser l’ensemble des moyens de production. Nous allons observer maintenant ce qui leur arrive dans le cours de la production, comment ils se conservent et comment ils s’accroissent.

Pour ne point fatiguer l’esprit du lecteur par des abstractions, je commencerai par des exemples, et je les choisirai dans les faits les plus communs. Les principes généraux en sortiront ensuite d’eux-mêmes, et le lecteur sentira la possibilité de les appliquer à tous les autres cas sur lesquels il voudra porter un jugement sain.

Lorsqu’un cultivateur fait lui-même valoir ses terres, outre la valeur de sa terre, il doit posséder un capital, c’est-à-dire une valeur quelconque composée en premier lieu des défrichemens et constructions, qu’on peut,

  1. Aux États-Unis, le traducteur de cet ouvrage, M. Biddle ; en Angleterre, M. Borner et les auteurs de la Revue d’Edimbourg, nient que l’acte de navigation ait en rien contribué à la puissance maritime de l’Angleterre. Je conviens, qu’à parler dans le sens des intérêts de l’Angleterre, c’était une fort mauvaise mesure ; mais je ne conviens pas qu’il n’ait en rien servi à sa prépondérance militaire.