Page:Say - Traité d’économie politique.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
LIVRE PREMIER. — CHAPITRE IX.

capacité ni indépendance, et qui se trouve forcé d’accepter la loi qu’on juge à propos de lui imposer.

En résultat, on peut dire que la séparation des travaux est un habile emploi des forces de l’homme ; qu’elle accroît en conséquence les produits de la société, c’est-à-dire, sa puissance et ses jouissances, mais qu’elle ôte quelque chose à la capacité de chaque homme pris individuellement.

Cet inconvénient, au reste, est amplement compensé par les facilités qu’une civilisation plus avancée procure à tous les hommes pour perfectionner leur intelligence et leurs qualités morales. L’instruction de la première enfance mise à la portée des familles d’ouvriers, l’instruction qu’ils peuvent puiser dans des livres peu chers, et cette masse de lumières qui circule perpétuellement au milieu d’une nation civilisée et industrieuse, ne permettent pas qu’aucun de ses membres soit abruti seulement par la nature de son travail. Un ouvrier d’ailleurs n’est pas constamment occupé de sa profession ; il passe nécessairement une partie de ses instans à ses repas et ses jours de repos au sein de sa famille. S’il se livre à des vices abrutissans, c’est plutôt aux institutions sociales qu’à la nature de son travail, qu’il faut les attribuer.

CHAPITRE IX.

Des différentes manières d’exercer l’industrie commerciale et comment elles concourent à la production.

Toutes les denrées ne viennent pas indifféremment partout. Celles qui sont le produit du sol dépendent des qualités du sol et du climat, qui varient d’un endroit à l’autre. Celles qui sont le produit de l’industrie ne viennent elles-mêmes que dans de certains lieux plus favorables à leur fabrication.

Il en résulte que dans des lieux où elles ne croissent pas naturellement (et n’oublions pas que j’applique ce mot aux productions de l’industrie comme aux productions du sol), il en résulte, dis-je, que, pour parvenir en ces lieux-là, pour y être complètement produites, pour être mises au point d’y être consommées, il leur manque une façon, et cette façon, c’est d’y être transportées.

Elle est l’objet de l’industrie que nous avons nommée commerciale.

Les négocians qui vont chercher ou qui font venir des marchandi-