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dans le lieu, dans l’état de société où l’on se trouve, la valeur que les hommes attachent aux choses possédées ; et c’est la seule manière d’apprécier le montant des richesses qui sont l’objet des recherches de l’économie politique. C’est d’après ce motif que beaucoup de personnes ont regardé les échanges comme le fondement de la valeur et de la richesse, ce qui n’est plus. Ils fournissent seulement le moyen d’apprécier les valeurs et les richesses, en les comparant à d’autres valeurs, et surtout en réduisant des richesses diverses à une expression commune, à une certaine quantité d’un certain produit, comme serait un nombre quelconque d’écus.

On a toujours la possibilité d’échanger deux produits d’égale valeur ; car ils ne seraient pas exactement d’une valeur égale, si l’on ne pouvait à volonté les échanger l’un contre l’autre. C’est ce qui fait qu’une valeur sous une certaine forme (en or ou argent) n’a rien de plus précieux, de plus utile, de plus désirable qu’une valeur égale sous une autre forme. C’est encore ce qui permet de considérer la production en général, en fesant abstraction de la nature des produits, de dire, par exemple, que la population s’élève naturellement au niveau de la production, quels que soient les produits.

L’estimation de la valeur produite se fait en réduisant toutes les valeurs diverses à celle d’un même produit ; en disant, par exemple : toutes les valeurs produites en France dans l’espace d’une année, égalent la valeur qu’auraient 500 millions d’hectolitres de blé, ou bien 2 milliards de pièces de cinq francs, plus ou moins, au cours du jour.

L’échange qui se fait de deux valeurs égales n’augmente ni ne diminue la somme des valeurs (des richesses)