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un chef-d’œuvre de l’art ; et il y a réussi. Mais quant aux littérateurs et aux philosophes, ils ne peuvent servir la tyrannie sans renoncer à leur conscience. Ce qu’on leur demande c’est de professer ce qu’ils savent être faux, de louer ce qu’ils méprisent, et de diffamer au besoin les talens et les intentions qu’ils révèrent. Cette grâce n’est accordée qu’à fort peu d’artistes en littérature ; et à la gloire éternelle de la France, presque tous les bons écrivains français de nos jours ont refusé de servir les vues des oppresseurs de la liberté publique : Ducis, Delille, Le Brun[1],

  1. Le Brun a fait des vers en l’honneur de la République qu’il aimait, mais il n’a point célébré les usurpateurs de l’autorité nationale.