Page:Say - Petit volume contenant quelques aperçus des hommes et de la société, 1818.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce qui devrait dégoûter de la flatterie et des flatteurs, c’est de voir que jamais les bons princes n’ont été loués autant que les mauvais. Tibère fut loué de ses mœurs, et Néron d’avoir égorgé sa mère. Ce qui valut le plus d’éloges à Louis XIV, à qui l’on en pouvait donner justement tant d’autres, ce fut la révocation de l’édit de Nantes.

La vérité seule est flatteuse, de même que la seule vérité peut faire outrage. Quel magnifique éloge que le vers de Turgot sur Franklin !

Eripuit cœlo fulmen, sceptrumque tyrannis.

Rien ne peut donner une idée plus haute de la capacité de son esprit, et en même tems de l’excellence de sa morale. Mais supposez que Franklin n’ait pas en effet arraché la