mune, et l’excès des richesses et de l’indigence fort rare.
Alors la plupart des citoyens, trop peu opulens pour user leur vie dans des plaisirs continuels, mais assez à l’aise pour ne point éprouver les atteintes du découragement ou les angoisses du besoin, se livrèrent à ce travail modéré qui laisse à l’ame tout son ressort : peu à peu ils s’accoutumèrent à chercher leurs plaisirs les plus chers dans la société de leur famille et d’un petit nombre d’amis ; ils cessèrent de connaître le désœuvrement, l’ennui, et le cortège de vices qui les accompagnent : vivant plus sobrement, leur humeur fut plus égale, leur ame plus disposée à la justice et à la bienveillance qui sont mères de toutes les autres vertus.
Afin d’éloigner encore davantage les maux qui suivent l’oisiveté (I), on fit revivre cette loi d’Athènes qui obligeait chaque citoyen à déclarer quels étaient ses moyens de subsister ; et comme quelques-uns avaient