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rieux. Non-seulement les actes de violence coupables, mais encore la dissimulation, les friponneries, les prostitutions[1], les émeutes, sont presque toujours le fruit de l’indigence. Que de gens ont embrassé un parti politique abhorré, ou des opinions hasardées, uniquement pour subsister ! Tel homme n’aurait pas bouleversé son pays, s’il eût eu de quoi vivre. Ah ! si les riches, chez certains peuples, entendaient bien leur intérêt, loin de pomper la substance du pauvre, pour grossir sans mesure leur fortune, ils y mettraient volontairement des bornes, et sacrifieraient une partie de leur avoir, afin de jouir en paix du reste.

  1. Il faut tâcher que, pour vivre, on ne soit pas plus forcé de prostituer ses talens que sa personne. S’il est affligeant de voir la courtisanne vendre au premier venu des faveurs qui auraient pu devenir la récompense des plus tendres sentimens, il n’est pas moins affligeant de voir l’homme de lettres vendre son approbation au vice puissant, et le peintre prêter la magie de ses couleurs aux obscènes conceptions d’un riche méprisé.