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Vous verrez même que des gens à qui leur fortune donnerait la possibilité d’aller bien vêtus, se passeront de chemise pour porter des galons. Qu’on me permette de placer ici une citation de Franklin, où l’on retrouvera son originalité accoutumée.

« Presque toutes les parties de notre corps, dit-il dans une lettre à Benjamin Vaughan, nous obligent à quelque dépense : nos pieds ont besoin de souliers, nos jambes de bas, etc. Notre estomac exige de la nourriture. Quoiqu’excessivement utiles, nos yeux, quand nous devenons raisonnables, demandent l’assistance peu coûteuse des lunettes ; ce ne sont pas encore eux qui dérangent nos finances ; mais les yeux des autres sont les yeux qui nous ruinent ».

Or ce qui ruine le particulier ruine l’état.

On dit encore : les ouvriers occupés à créer des objets de luxe ne seraient pas employés d’une autre manière. On est dans l’erreur ; il n’y a jamais moins d’oisifs que dans les contrées où les mœurs sont simples, et où par conséquent

    de la main-d’œuvre hausse. Les produits en sont par conséquent plus chers. Les citoyens les plus pauvres se privent d’une partie de ces produits. Au lieu de renouveler leur habit, ils l’usent jusqu’à la corde, ils le raccommodent, et l’on ne rencontre plus l’artisan vêtu d’un bon habit. Telle est la marche que suivent les choses dans le cas supposé.