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six cents francs deux mois avant qu’il ne vaille six sous, sera un objet de luxe, parce qu’on ne Je sert sur une table, que par ostentation, et qu’il n’est pas un plat moins cher qui ne fit autant plaisir.

En blâmant le luxe, je n’aurai donc point la folle prétention de ramener l’homme à un état sauvage, où l’on ne connaît d’ustensiles que les doigts et les dents ; de vêtemens, que des peaux d’animaux ; d’habitations, que des cavernes. J’admettrai l’usage de tout ce qui chez des nations industrieuses et riches, concourt au bien-être des citoyens, sans pour cela faire l’apologie des recherches de la sensualité qui sont blâmables sous d’autres rapports. Après avoir ainsi restreint le nombre des choses qui tiennent purement au luxe, je ne crains pas de prononcer que le luxe est funeste aux états, grands ou petits, et que le pays où il y en aura le moins, sera le plus riche et le plus heureux.

Un des principes les plus faux en économie politique, ou plutôt une assertion qui n’est un principe qu’aux yeux de ceux qui n’ont pas les plus simples notions de l’économie politique, est celle qui prétend qu’un homme est utile à l’état en proportion de ce qu’il consomme. À ce compte, répond plaisamment J. J. Rousseau à une assertion pareille, un Sybarite aurait bien valu trente Lacédénioniens.

Tout pays, par son agriculture, son com-