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nombre d’emplois dont ils peuvent disposer. Mais, de leur côté, mettent-ils une assez grande importance à l’exercice de cette partie de leurs fonctions ? Et, à le bien prendre, n’en est-ce pas la partie la plus importante ? La plupart des actions, et même des décisions qui émanent d’un homme en place, viennent non pas de lui, mais de ses délégués. Quelqu’étendu que soit son pouvoir, le magistrat éminent n’a qu’une tête, deux bras, et vingt-quatre heures dans sa journée ; il prend bien les principales décisions, mais les plus nombreuses, celles qui établissent le plus de rapports entre l’administration et les administrés, il les abandonne à d’autres, bien qu’elles soient prises en son nom ; et si l’on rassemble la somme des volontés d’autrui, qui sont censées être l’expression de la sienne, on trouvera que cette somme excède de beaucoup l’influence de sa propre volonté.

Il en résulte que, quelle que soit sa moralité personnelle et son instruction, la moralité et l’instruction de ceux qu’il emploie influent encore plus, non-seulement sur le sort de la chose publique, mais aussi sur sa propre sûreté et sur sa propre gloire. Il profite de tout ce qu’ils font de bien, et souffre de tout ce qu’ils font de mal ; et si l’on en a vu quelquefois qui par une stupide jalousie, et pour se réserver plus d’honneur et de pouvoir, se sont entourés de gens médiocres, et ont ôté toute influence aux gens de