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discours de la couleur du moment ; tandis que dans des réunions habituelles et de simple délassement, on apprend à connaître les sentimens et les vertus de l’homme privé. C’est-là qu’on sait s’il est probe dans son commerce, s’il a soin de son père, de son épouse, de son fils ; s’il a du bon sens naturel et des lumières acquises. Or ce sont ces qualités-là qu’il suffit de connaître pour faire de bons choix. Il en résulte que si l’on veut que des réunions de citoyens soient utiles à la chose publique, il faut précisément éviter qu’elles soient des réunions politiques.



Pas un de vos gestes, pas une de vos paroles ne sont perdus. Page 41.

Si l’exemple des chefs d’une nation est fort propre à répandre des habitudes morales, il faut l’attribuer non-seulement à notre penchant vers l’imitation, mais encore à une sorte d’envie qui ne veut pas faire moins que les personnages éminens. On se dit : un tel a fait ceci, pourquoi ne le ferais-je pas ? Éraste, qui joue un si grand rôle, se permet telle action ; pourquoi me l’interdirais-je ? Il est haut, dédaigneux : si j’étais affable, on me croirait humble ; si j’étais bon homme, on s’imaginerait que je suis sans conséquence.