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drait sans hésiter les attribuer tous à cet ancien régime si follement regretté…

Veulent-ils insinuer que les principes sur lesquels repose le nouvel ordre social sont destructifs de la morale ? Cette prétention serait insoutenable : car ce qui caractérise particulièrement le nouveau système, et le distingue spécialement de l’ancien, c’est de professer plus de respect pour les droits naturels et originaires des hommes que pour les usurpations postérieures ; de consulter les intérêts du grand nombre plus que ceux du petit ; de préférer les qualités personnelles aux avantages du hasard ; de mettre la raison au-dessus des préjugés et des habitudes, de soumettre toutes les opinions à son examen, et d’obéir à ses décisions plutôt qu’aux autorités et aux exemples. Assurément on ne peut nier que l’adoption de chacune de ces idées ne soit un pas vers la justice. Aussi les plus violens adversaires de ce système ne l’ont jamais attaqué dans ses bases. Tous, en le déclarant impraticable, sont convenus que c’était une sublime théorie. Ce ne sont donc pas ses principes qui sont opposés à la saine morale ; au contraire.

Cependant par quelle fatalité la somme du mal moral est-elle encore plus grande sous le règne des vérités que sous celui des erreurs ? C’est que les troubles intérieurs et extérieurs qui ont accompagné cette grande et subite ré-