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est plus dangereux que celui qu’on prend pour une vertu !

On dira peut-être que ces maux commencent à cesser, que les mœurs de l’Europe ne laissent plus redouter les fureurs du fanatisme. Eh ! cette disposition n’est due qu’à l’esprit philosophique qui a affaibli l’influence des opinions religieuses, même chez ceux qui les professent encore. Les idées sont devenues si libérales chez les personnes qui se croient les plus orthodoxes, que cent ans plutôt elles eussent passé pour hérétiques si elles avaient professé les mêmes opinions. Leur esprit de tolérance, leur incrédulité sur quelques points qu’elles ont rejetés comme trop ridicules, eût passé alors pour un libertinage de l’esprit et un relâchement menant droit à la perdition.

Une autre conviction qui résulte de la contemplation des événemens passés, c’est que les religions détruisent une partie du bonheur de l’homme sur la terre, le seul dont le moraliste politique puisse s’occuper. Dans la religion chrétienne, par exemple, les terreurs de l’ame, les devoirs futiles, les pénitences multipliées, les défenses oiseuses, la longueur des prières, la sévérité des pratiques, altèrent le caractère.


L’évangile à l’esprit n’offre de tous côtés,
Que pénitence à faire et tourmens mérités,


a dit Boileau. Dans les temps, et chez les nations