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rien d’extraordinaire dans les actions les plus atroces. N’est-il pas bien honteux pour nous, que dans cette théogonie des Grecs, qui excite une si vive indignation dans l’ame du disciple de Socrate, on ne rencontre cependant ni un patriarche qui prête sa femme pour de l’argent, comme Abraham, ni un inceste aussi dégoûtant que celui de Loth, ni des histoires aussi scandaleuses que celles du lévite d’Ephraïm, d’Onan, de Jahel, de Judith, de David, et mille autres ?

Enfin une cruelle expérience a prouvé que la superstition, ou le fanatisme, qui n’est que la superstition mise en action, est de toutes les passions la plus ravageante, la plus féconde en actes de cruauté. En recherchant la cause de cette désastreuse propriété, on trouve que toutes les passions, hors celle-là, proviennent d’un désir, d’un appétit qui peut agir avec violence, mais dont la violence n’est pas continuelle. Lorsque l’objet de la passion est obtenu, ou lorsque ses accès sont passés, l’humanité, la conscience reprennent leurs droits. Le fanatisme seul n’est point sujet à ces intermittences ; il cause le mal sans exciter le remords. Le fanatique ne croit pas soutenir sa propre cause, en défendant son opinion ; il croit au contraire se dévouer, et avoir droit aux plus grands éloges lorsqu’il commet les plus grands forfaits ; tels les révérens pères inquisiteurs, qui appellent leurs boucheries humaines des actes de foi ! Or, quel crime