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que dans la nature des choses, qu’on ne parvient à connaître que par une scrupuleuse analyse. Ce n’est point là un superbe dédain comme vous l’appelez. Je note l’autorité des faits avant celle des hommes, voilà tout ; je ne dédaigne que l’erreur, et je ne méprise que l’hypocrisie. J’ai dit ce que j’ai cru la vérité quand elle pouvait être utile ; d’autres ont cru, avec autant de bonne foi, la découvrir en suivant d’autres méthodes. La postérité et l’expérience apprendront en quoi nous avons eu raison, en quoi nous avons été dans l’erreur.

Vous m’accusez de chercher à dénigrer de grands talens et de grandes réputations. Telle n’a point été mon intention. Les bons écrivains ont répandu un immense nombre de belles et bonnes vérités. J’en ai profité. Je me suis emparé de toutes celles qui pouvaient entrer dans Un système de connaissances bien lié, homogène, substantiel. Mais j’ai voulu qu’on les adoptât, non parce que c’était Quesnay, Voltaire ou Dupont de Nemours qui les recommandaient, mais parce qu’elles étaient surtout recommandées par l’expérience et la nature des choses. Ne valait-il pas mieux employer mon encre et mon papier à développer cette nature des choses qui ne nous trompe jamais, qu’à faire valoir des noms propres qui peuvent