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revenus publics, et cela doit être. Malheureusement après avoir dit mon peccavi, je ne peux pas faire mon acte de contrition. Car je vois, quoi que vous en disiez, des productions créées autrement que par la munificence de la nature. Vous me dites, mon cher maître, Dieu seul est producteur : eh oui, de nos matériaux et de la valeur qui se trouve en eux au moment qu’il nous les donne ; mais non de la valeur que nous y ajoutons par notre travail et par nos capitaux. Or, si nous y ajoutons une valeur nouvelle, indépendamment de celle dont Dieu nous gratifie, il faut bien convenir que le prince, l’État, la république peuvent nous en demander une partie.

Je ne peux encore comprendre comment vos amis, qui nous ont rendu un si grand service en nous apprenant que l’or et l’argent n’étaient pas nos seules richesses, mais que, sous peine d’absurdité, nous devions compter pour quelque chose la valeur du blé, n’aient point été conduits, par cette vue admirable et juste, à voir qu’il en est parfaitement de même de toute autre valeur réelle et appréciée. Cette dernière valeur est enlevée, dites-vous, par l’artisan qui la donne. Mais, pour servir à la consommation de l’artisan, en a-t-elle été moins donnée ? De cette valeur donnée, l’artisan, le