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paralyser la société. Mais de cette idée sans fondement, sans possibilité d’exécution, naissent inévitablement deux partis dans la représentation nationale, et même dans la nation : celui de la cour ou du ministère, et celui de l’opposition réelle ou simulée. Ces deux partis fomentent une multitude de haines privées, et divisent jusqu’à l’intérieur des familles. La division et la haine sont de mauvais ingrédiens de la société.

Et le plus grand mal, c’est la corruption générale qui en est la suite. On sent que le gouvernement voudra toujours avoir la majorité dans les deux chambres, et les talens les plus distingués songent à se faire remarquer pour être à l’enchère : c’est la fleur de la nation qui se pourrit. On ambitionne d’entrer au parlement, non pour servir réellement la patrie, mais pour faire du bruit, payer les dettes et continuer les vices de sa jeunesse, se vendre et s’enrichir par ce honteux commerce ; on ne refuse au roi ni aux ministres aucun moyen de l’entretenir. Des hommes nés pour être grands en ont été souillés. Comment la nation garderait-elle une vertu, une délicatesse que ses plus célèbres représentans abjurent ?

Ce virus cancéreux n’a point encore atteint les États-Unis d’Amérique. Ils en sont préser-