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Les arts et métiers ont conservé, ou rendu de jouissance durable, des consommations déjà faite[1] qui, jointes aux récoltes nouvelles et annuelles, procurent, non pas du tout une production, mais une très-heureuse accumulation de richesse, sans que, à cause de la durée de cette jouissance, il faille estimer le travail du maçon, du drapier ou du bijoutier, plus que celui du cuisinier ou du boulanger qui sont consommés de suite

Mais entre le salaire des capitaux et celui des ouvriers, ou des simples serviteurs, il y a cette différence que les serviteurs et les ouvriers font nécessairement des consommations et détruisent ainsi des productions dont la va-

  1. Comment une consommation déjà faite peut-elle être ajoutée aux récoltes nouvelles ? Comment le maçon peut-il avoir consommé le pain de son dîner, et ce pain être transformé en une maison de jouissance durable ? Il est évident que l’analyse des physiocrates est imparfaite, et qu’il y a ici double production ; production du pain de l’ouvrier et production d’une maison. Les sectateurs de Quesnay n’ont pas voulu voir que la production ne gît pas dans la matière des récoltes, mais dans leur valeur, et qu’après avoir recueilli du blé, on peut encore recueillir, pour ainsi dire, des maisons. C’est une chose vraiment étonnante qu’après avoir admis les principes de la production et de la consommation (puisqu’ils ne les combattent pas), ils se refusent aux conséquences qu’on en tire.