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Et le prix du travail fut à propriété
Qui fonda, qui maintint toute société.
La lyre d’Amphion, du sein d’une carrière -,
Sur les remparts thébains ne guida point la pierre ;
Mais des cités, partout, la puissance des arts
Dessina, construisit, décora les remparts.
La vertu, seule Astrée, embellit leur enceinte.
Jours heureux ! temps paisible où l’égalité sainte
A des frères unis garantissait leurs droits ;
Ou les mœurs gouvernaient plus encor que les lois ;
Où les humains, pieux sans temples et sans prêtres,
Justes sans tribunaux, subordonnés sans maîtres,
Reposaient sous l’abri du pouvoir paternel,
Inventaient l’art des vers pour bénir l’Éternel,
Sur la cime des monts lui rendaient leur hommage,
Et chantaient le soleil, sa plus brillante image !


À ce tableau séduisant, Chénier fait succéder celui des attentats graduels sur lesquels se fonde une tyrannie militaire. C’est sans doute le morceau qui, durant le régime sous lequel Chénier vivait encore, l’obligea d’ensevelir dans le secret de l’intimité ce bel ouvrage.


La discorde aiguisa pour la guerre
Le fer laborieux qui fécondait la terre.
Le plus fort eut raison ; sa raison fit la loi ;
Le soldat devint chef, et ce chef devint roi.
Ce roi fut conquérant. Au gré de son caprice,
Deux ministres zélés, l’orgueil et l’avance,
A l’espoir attentif confiant ses projets,
De ses égaux d’hier lui firent des sujets ;